« Visages de Contemplation », Galerie du Théâtre Granit, Belfort

Visages de contemplation, Carmel 1996.

photographie des visages de contemplations de Viviane Zenner

Article de “L’Express Le magazine” du 30 / 09 / 1999

“Toute apparition s’accompagne d’une disparition”, clame Viviane Zenner. La photographe messine a réalisé plusieurs séries sur le thème des limites de la représentation. Dans sa dernière exposition, Visages de contemplation, elle présente des portraits elliptiques saisis au cours d’un séjour de deux ans dans un carmel. Pris de profil ou de trois quarts, lissés par l’éclairage, ils sont autant d’humeurs, d’instants intemporels chargés d’une forte émotion. M.C.

Article « La galerie du théâtre »

Née en 1960, Viviane Zenner vit dans la Meuse. Diplomée de l’Ecole d’Art et de l’Université en Sciences Sociales de Metz, elle a réalisé plusieurs séries photographiques qui prennent pour thème les limites de la représentation et posent la question des degrés d’absence et de présence qu’il faut lui donner ; dans ses recherches elle éprouve cette loi fondamentale de l’oscillation, selon laquelle toute apparition s’accompagne d’une disparition.

A l’occasion de l’exposition de ses photographies à la Galerie Saint Séverin à Paris en 1998, Eric de Chassey, critique d’art, présente ainsi le travail de l’artiste :

« La série Visages de Contemplation est le résultat de deux années passées par Viviane Zenner à l’intérieur d’un Carmel, lieu normalement clos au monde extérieur, lieu d’où sont absentes les images et les paroles (autres que celles reçues de l’Autre). Ces photographies, datant de 1996, ne sont pas pour autant des reportages, qui rapporteraient les images insolites d’une vie curieuse. Elles ne sont pas non plus des portraits, quoiqu’on en voie, de dos, les têtes de différentes religieuses, en grands tirages noir et blanc.

Ici, les modèles sont ces visages que l’on ne voit pas de face – que l’on ne peut réduire à une identité. L’éclairage et le cadrage les lissent sans qu’ils tombent dans l’indistinction. La courbure d’une joue, la tombé d’un voile se continuent en nuances, sans se confondre, jusqu’au blanc des bords. Toujours reste centrale la question de leur présence paradoxale, question toujours en creux et en suspension, comme si – sans pathos ni exaltation – s’y révélait notre condition essentielle d’êtres présents dans le monde et déjà hors de lui.

C’est dans le visage sans figure qu’est remis profondément en question le statut de la photographie, en même temps qu’est interrogé l’espace d’une présence.

Viviane Zenner

 
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