Le prêtre dans le ciel délimite un espace, une découpe pareille à une fenêtre où les auspices lisent les augures, bons ou mauvais. Retourné en terre, le rectangle définit le lieu du temple, le lieu symbolique de la césure.

Le prêtre dans le ciel délimite un espace, une découpe pareille à une fenêtre où les auspices lisent les augures, bons ou mauvais. Retourné en terre, le rectangle définit le lieu du temple, le lieu symbolique de la césure.

Comment ne pas penser aujourd’hui, se remémorant ces coutumes antiques, au paradigme photographique et sa façon de dresser toute chose dans le cadre de son champ visuel pour en faire une figure de signes, l’espace symbolique depuis lequel les choses nous parlent ?

Arpentant les haies qui bordent les espaces de cultures industrielles, Viviane Zenner travaille pareillement à ces basculements spatiaux, jouant de la ligne à la fois en ce qu’elle trace et délimite un espace tel qu’il pourrait nous être révélé par une vue aérienne (notre cartographique retournement du ciel en terre) et en ce qu’elle dresse une butée, une entrave. Ses photographies donnent alors à voir plein cadre les emmêlements végétaux qui barrent la vue, zèbrent l’image si ce n’est le regard même. Elles dressent ce que l’artiste nomme des « enclos photographiques », conjonctions poétiques de l’horizontalité et de la verticalité dont c’est à nous aujourd’hui de déchiffrer les augures.

Jérémy Liron