De ses paysages vides se révèle une étendue dense. Viviane Zenner met en lumière des terrains agricoles, qui renferment des traces d’un passé : Une nature cultivée, uniforme renvoie aux nombreux événements qui ont marqué ces lieux.

Ses séries De ces matins-là présentent un espace-temps entre jour et nuit. Ses parcours, à des heures impossibles, l’amènent à saisir un état de ces terres dont elle est originaire. Comme si cette enfant du pays avait en elle une connaissance si fine en elle de ces lieux qui lui suffisait d’être là et de s’arrêter pour donner à voir un instant du monde des plus énigmatique.

Dans ses séries Moisson, l’artiste nous fait percevoir les limites. Jusqu’où vont ces espaces de culture, maîtrisés par l’homme ? Les images vont jusqu’à l’abstraction pour nous inviter à songer à la fuite, à ce qu’il y a plus loin. Ces horizons renvoient à la construction du paysage, cadré et mis sous contrôle. Qu’y-a-t-il dessous ces terres ?

Ses séries de brumes montrent des nuages de vapeur. Viviane Zenner a observé ce phénomène naturel et pourtant nocif. Ses photographies inspirent vers l’ailleurs et incarnent ce qui est caché. Cet élément naturel convoque les mouvements, les transformations du monde.

Dans sa série Eole, une ponctuation colorée perturbe le paysage industriel, tel un signe d’un impact. Cette vibration correspond à des plantes qui bougent, captées dans leur mouvement. Cet éclat suggère un futur paysage qui surgit des brumes. Il souligne la distance entre un avant et un après. « Je leur rend la fumée ». Cette lumière donne une étrangeté en contraste avec ce fragment de l’architecture.

Ses photographies Paysage déversé présentent une sensation de chute, de bascule. Comment vont se transformer ces villages où la végétation résiste, maintenue ?

Viviane Zenner revient en ces lieux qu’elle a en mémoire et ouvre des brèches, des chemins qui mènent ou arrêtent notre regard.

Pauline Lisowski